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Le courage des autres de Hugo Boris

Dans les méandres du métro parisien

Parisienne depuis toujours malgré moi, et oui, qui ne rêverait pas de vivre au bord de l’eau sous le soleil avec comme arrière plan le chant des grillons ? Un rêve à l’horizon qui laisse place à un quotidien gris, stressant accompagné de la sonnette des portes qui se ferment du métro.

Le métro, ce lieu où nous cohabitons un instant avec des inconnus, une proximité étrange et en même temps, une réelle habitude. Plus rien ne nous étonne et pourtant ... Dans son récit, le courage des autres d’Hugo Boris @editionsgrasset , est le témoignage d’un homme, plus précisément celui d’un passager qui prend le métro qui n’est autre que l’auteur.

Un utilisateur régulier comme vous et moi, qui observe, scrute les passagers. C’est un homme, un vrai ! Il vient d’avoir sa ceinture noir de karaté, il est fort !

Et pourtant, il ne fait rien face à la bagarre dont il est témoin dans le RER E. Il déclenche la sonnette mais face à son manque de réaction, il s’interroge. Une interrogation qui interpelle l’homme mais aussi l’écrivain qui décide de consigner tout les micros événements des transports en commun qui suscitent la peur mais aussi le courage des autres.

Il écrit sur son carnet toutes les personnes qu’il a croisé, des notes qu’il décide de rendre publique dans son livre.

Des portraits de tout ceux que nous croisons le matin, le soir, tels des petites scènettes du quotidien. Hugo Boris projette notre regard dans un kaléidoscope qui illumine des pas, des humeurs, des sensations. Une lumière qui reflète notre société où grandit l’agressivité, la violence mais aussi la générosité. Un kaléidoscope qui déploie une palette de comportements, nos comportements, nos gestes.

A travers eux, et au delà de l’analyse sociétal, Hugo Boris s’interroge sur lui même. Il décortique ses propres réactions face aux différentes scènes dont il est témoin. Il constate que face à l’adversité, ses actes sont en décalage avec sa pensée. Des mots justes qui réveillent une remise en cause personnelle et qui crachent sur la lâcheté de l’être humain.

Des mots qui résonnent en nous, qui nous interpellent avec véracité et qui nous souffle avec une effroyable justesse que nous aussi nous avons rater la station de métro... La parisienne dont je suis s’est beaucoup reconnue à travers cette galerie de personnages.

Le voyage est malheureusement le reflet du quotidien. Et à force de le côtoyer, nous oublions que nous aussi faisons parti du voyage.

Trop de silences et de regards baissés comme bagages, Hugo Boris nous interpelle avec justesse et humanisme. Il nous attrape, nous pousse dans nos propres retranchements pour éviter nos gestes parfois si résignés au

quotidien ...

Alors, êtes-vous prêt à vous assoir sur le strapontin du métro, à côté du passager Hugo Boris, direction ligne J, jungle sociale ?

Lecture lue dans le cadre du grand prix des lectrices Elle 2020.

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